Egalité des genres

Les actions de Nai Qala visent à réduire les inégalités entre les genres.

Alors que le monde a progressĂ© vers plus d’Ă©galitĂ© des genres et l’autonomisation des femmes, les femmes et les filles continuent d’ĂŞtre victimes de discrimination dans toutes les rĂ©gions d’Afghanistan. Le taux d’alphabĂ©tisation des jeunes femmes ne s’Ă©lève qu’Ă  57% de celui des jeunes hommes[1].  Les indices de frĂ©quentation scolaire montrent, Ă©galement et sans ambiguĂŻtĂ©, des disparitĂ©s entre les sexes, qui diminuent en fonction du niveau d’Ă©ducation (47.6% des filles frĂ©quentent le primaire, 23.7% frĂ©quentent le secondaire et 5.2 frĂ©quentent l’enseignement supĂ©rieur). La part des femmes afghanes dans l’Ă©conomie ne reprĂ©sente qu’un tiers de celle des hommes, et les indices du chĂ´mage et de la proportion de jeunes hors du système Ă©ducatif ou formatif, et sans emploi montrent une position très dĂ©favorisĂ©e des femmes sur le marchĂ© du travail.

Le fossĂ© entre les sexes, autant dans l’Ă©ducation que l’Ă©conomie, suggère que les obstacles culturels empĂŞchent d’exploiter le potentiel de dĂ©veloppement des filles et des femmes dans la sociĂ©tĂ© afghane et qu’ils restreignent leur accès Ă  l’Ă©ducation et au marchĂ© du travail. Afin de remĂ©dier Ă  ce dĂ©sĂ©quilibre, Nai Qala a placĂ© l’Ă©galitĂ© des sexes au cĹ“ur de tous ses projets. La vision de Nai Qala est une sociĂ©tĂ© Ă©duquĂ©e, saine et Ă©quilibrĂ©e dans laquelle les femmes et les hommes mènent des changements sociaux, culturels et Ă©conomiques d’une manière inclusive qui permet Ă  leurs enfants – garçons et filles – de prospĂ©rer, en se concentrant sur les parties nĂ©gligĂ©es de l’Afghanistan.

Faciliter l’accès Ă  des services d’Ă©ducation et de santĂ© de qualitĂ©
De longues distances pour se rendre Ă  l’Ă©cole et une rĂ©ticence Ă  envoyer les enfants Ă  l’Ă©cole sont de loin les raisons les plus courantes de ne pas commencer l’Ă©cole; de plus, la nĂ©cessitĂ© du travail des enfants et le manque de pertinence Ă  poursuivre les Ă©tudes sont les raisons les plus importantes de mettre fin aux Ă©tudes, des constats soulignĂ©s par l’Ă©tude nationale sur les conditions de vie (ALCS, [1]). Afin de rĂ©duire les distances Ă  parcourir, Nai Qala s’efforce de construire ou de rĂ©nover des Ă©coles et d’amĂ©liorer la qualitĂ© de l’Ă©ducation dans les rĂ©gions reculĂ©es. Des conditions d’apprentissage dĂ©centes et plus accessibles ainsi que de meilleurs services Ă©ducatifs sont une grande motivation pour les enfants Ă  aller ou retourner Ă  l’Ă©cole. L’Ă©cole de Katawaie illustre parfaitement l’impact d’un nouveau bâtiment sur l’inscription des enfants Ă  l’Ă©cole: après son inauguration, l’Ă©cole de Katawaie a Ă©tĂ© victime de son propre succès puisque le nombre de filles a augmentĂ© de 25% et que de nouvelles classes ont dĂ» ĂŞtre ouvertes dans la cour de l’Ă©cole. Un impact similaire a Ă©tĂ© constatĂ© Ă  Zeera Gag oĂą initialement l’Ă©cole a Ă©tĂ© construite pour 520 filles mais oĂą on  en dĂ©nombre de 650 aujourd’hui.

L’une des conclusions les plus importantes de l’ALCS est que le principal problème du système Ă©ducatif afghan n’est pas tant la rĂ©tention et l’abandon, mais surtout le commencement de l’Ă©cole. Nai Qala a mis en place des cours d’Ă©ducation de la petite enfance dans deux villages et prĂ©voit d’en ouvrir de nouveaux. Les cours d’Ă©ducation de la petite enfance aident non seulement les garçons et les filles Ă  dĂ©velopper leur imagination, leurs talents et leur confiance dès le plus jeune âge, mais leur apprennent aussi Ă  jouer ensemble, de manière inclusive, comme une habitude normale. Les attitudes, les comportements et les expĂ©riences nouvellement acquis chez les jeunes enfants contribuent Ă  leur rĂ©ussite scolaire Ă  long terme et rĂ©duisent les taux d’abandon scolaire. Le programme de la petite enfance met Ă©galement l’accent sur les mères, en les impliquant activement dans la classe. Un tel programme a un impact particulier sur la famille. Les mères dĂ©veloppent leur confiance et, plus important encore, une conscience de la façon dont elles peuvent Ă©duquer leurs jeunes enfants pour contribuer Ă  un environnement familial plus sain.

Selon l’ALCS, 70% des femmes qui ont eu un bĂ©bĂ© en Afghanistan au cours des cinq dernières annĂ©es ont eu au moins un examen prĂ©natal. Cependant, seulement 16 pour cent ont reçu quatre examens prĂ©nataux, le nombre recommandĂ© par l’organisation mondiale de la santĂ© pour les grossesses normales. Encore une fois, la distance jusqu’Ă  un centre de santĂ© peut ĂŞtre un facteur contribuant Ă  la faible utilisation des services de santĂ©, mais ce n’est pas le seul. Les hommes ayant des problèmes de santĂ© peuvent se rendre en ville pour se faire soigner dans un hĂ´pital, mais la situation des femmes malades ou enceintes est plus difficile. Une femme malade doit ĂŞtre accompagnĂ©e Ă  l’hĂ´pital par une femme et par un parent masculin. Certains problèmes de santĂ© nĂ©cessitent un sĂ©jour prolongĂ© Ă  l’hĂ´pital et certains nĂ©cessitent un suivi mĂ©dical pendant des mois. De plus, les familles sont souvent rĂ©ticentes Ă  payer des frais d’hospitalisation prolongĂ©e. Par consĂ©quent, les femmes ne se rendent tout simplement pas dans des hĂ´pitaux Ă©loignĂ©s. ConsidĂ©rant ce fait, Nai Qala Association a construit un centre de santĂ© de base, Ă  Nawur. Le pourcentage de naissances assistĂ©es par du personnel de santĂ© qualifiĂ© augmente chaque annĂ©e; pour la seule annĂ©e 2017, 126 bĂ©bĂ©s ont vu le jour, en toute sĂ©curitĂ©, dans le centre de santĂ© de Nawur. Le dispensaire profite Ă  20’000 personnes et a transformĂ© les conditions de santĂ© et les habitudes d’hygiène dans la rĂ©gion, tant pour les femmes que pour les hommes.

Mener le changement en donnant l’exemple
L’Association Nai Qala vise Ă  contribuer au changement culturel en Afghanistan. La prĂ©sidente de l’organisation, Taiba Rahim, est un modèle dans un pays oĂą le leadership fĂ©minin est encore rare [2]. Montrer aux filles que le changement est possible et que les femmes ont un rĂ´le important Ă  jouer est crucial pour l’avenir du pays. Il y a une plus grande participation fĂ©minine dans les projets de Nai Qala que dans tout autre projet similaire dans la rĂ©gion. Les femmes ont vu que les projets de Nai Qala sont proposĂ©s et menĂ©s par une des leurs, ce qui fait toute la diffĂ©rence pour elle. La force nouvellement acquise et la confiance en soi ont incitĂ© les femmes du village reculĂ© de Sokhtagi Ă  crĂ©er un conseil des femmes, le tout premier conseil des femmes non seulement dans le district, mais certainement aussi dans toute la province.

Tous les employĂ©s locaux de Nai Qala reçoivent une formation sur les droits de l’homme et l’Ă©galitĂ© des genres. Chaque membre du personnel incarne les valeurs de l’organisation par l’exemplaritĂ© de sa pratique et de ses actions, au bureau et sur le terrain. Les enseignants-formateurs sont devenus les meilleurs ambassadeurs de Nai Qala pour promouvoir l’Ă©ducation des filles, en discutant avec la communautĂ© ou en motivant les parents en faisant du porte-Ă -porte.

Offrir aux femmes et aux filles un accès Ă©gal Ă  l’Ă©ducation, aux services de santĂ©, Ă  un travail dĂ©cent et Ă  la reprĂ©sentation dans les processus dĂ©cisionnels peut alimenter des Ă©conomies durables, et profiter aux familles et aux communautĂ©s dans leur ensemble. L’Ă©galitĂ© des genres est non seulement un droit humain fondamental, mais aussi la base d’un pays pacifique, prospère et durable. Toute petite amĂ©lioration vers l’Ă©galitĂ© des genres peut apporter de grands changements dans l’Ă©tat d’esprit et profiter Ă  l’ensemble de la sociĂ©tĂ©.

 

[1] Tous les chiffres proviennent de l’Ă©tude des conditions de vie en Afghanistan (« Afghanistan Living Conditions Survey » – ALCS) 2016 – 2017, publiĂ©e le 7 mai 2018 par l’organisation centrale des statistiques de la rĂ©publique islamique d’Afghanistan http://cso.gov.af/Content/files/Surveys/ALCS/Final%20English%20ALCS%20Highlight(1).pdf

[2] Le pourcentage de femmes occupant un poste de direction ne représente que 6.6% de celui des hommes (ALCS, 2018).