La plupart des enfants n’ont reçu aucune instruction pendant au moins 9 mois.
Lors de leur dernier jour d’école avant les vacances d’hiver, en novembre 2019, aucun jeune afghan n’aurait pu imaginer que les écoles ne reprendraient pas au printemps suivant. En mars, lorsque les ministères de la santé et de l’éducation du pays ont annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires, les enfants ont compris que les vacances d’hiver en cours seraient prolongées jusqu’à une date indéterminée pour contenir l’épidémie de coronavirus.
Le ministère de l’éducation a rapidement mis en place un plan d’urgence Covid-19 afin de poursuivre les prestations de services éducatifs aux élèves à domicile. Ce plan portait principalement sur l’enseignement à distance en utilisant la télévision, la radio ou le web, et sur l’enseignement en petits groupes pour les élèves.
Le Covid-19 a gravement affecté une culture de l’éducation déjà fragile en Afghanistan, en particulier dans les zones rurales
Les écoles afghanes étaient en crise avant la pandémie, mais la situation a empiré, de manière encore plus marquée dans les zones rurales. Avec 55 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, de nombreuses familles ne pouvaient tout simplement pas se permettre un accès à internet. Alors que seuls 14 % des Afghans utilisent internet, de fortes disparités sont constatées entre les zones urbaines et rurales. La disponibilité de l’électricité a aussi un impact significatif sur l’accès à la télévision et à la radio. Dans les zones rurales éloignées où Nai Qala opère, une très petite partie de la population dispose d’une télévision alimentée par des batteries solaires. Pendant la fermeture des écoles, il n’était pas rare de voir des adolescents marcher plusieurs heures vers un centre urbain disposant d’un accès convenable à internet pour suivre le programme d’éducation du gouvernement. Certains enfants très motivés et soutenus par leurs parents, ont emménagé chez des proches en ville pour poursuivre leurs études. Malheureusement, ce ne fut le cas que pour une minorité ; la plupart n’ont pas eu d’accès à l’éducation pendant la fermeture de l’école.
Dans les zones rurales, où seulement 13 % des femmes et 45 % des hommes savent lire et écrire, de nombreux parents ne peuvent tout simplement pas aider leurs enfants à étudier. Et pour de nombreux parents, la fermeture des écoles a été considérée comme une aubaine économique. Les parents qui ne comprennent pas pleinement le rôle de l’éducation étaient plutôt satisfaits d’avoir leurs enfants à la maison et ont pu profiter davantage du temps libre de leurs enfants pour améliorer les revenus de la famille, en confectionnant des tapis ou en faisant de la broderie. Pendant cette période, les écoliers ont soutenu davantage leurs parents dans les tâches ménagères, dans les champs ou dans les pâturages.
La réouverture des écoles est un signal encourageant
Fin août, le gouvernement a autorisé la réouverture des classes pour les élèves de 11ème et 12ème années. Cela a été un soulagement et une grande joie pour les adolescents plus âgés, en particulier pour les filles d’Anda qui ont pu, pour la première fois, profiter des installations de la nouvelle école que Nai Qala a construite pour elles en 2019. Dans un environnement déjà fragile où l’accès à l’éducation était déjà un défi, la pandémie pourrait encore aggraver la situation, mais le fait de bénéficier d’un environnement éducatif décent avec des bâtiments scolaires bien équipés est certainement une incitation à amener plus d’enfants à l’école et à les y retenir.
Depuis le début du mois d’octobre, les enfants de tous âges ont repris le chemin de l’école. Les écoles construites par Nai Qala ont retrouvé leur pleine capacité et comme le dit un ancien de la maternelle de Nai Qala qui vient de commencer l’école à Sokhtagi : « Je suis heureux d’être à l’école ».