Le changement de comportement et la participation du public sont la clé d’une gestion fonctionnelle des déchets.
Les déchets augmentent
L’humanité a créé 8,3 milliards de tonnes de plastique depuis que la production à grande échelle des matériaux synthétiques a commencé au début des années 1950, et la plus grande partie réside maintenant dans les décharges ou dans l’environnement naturel [1]. À l’échelle mondiale, quelque 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès aux services formels de gestion des déchets et la population des régions reculées d’Afghanistan ne fait pas exception.
Les chiffres mondiaux de la pollution par le plastique donnent des maux de tête: 500 milliards de sacs sont utilisés chaque année, un million de bouteilles sont achetées chaque minute; la plupart des plastiques ne se biodégradent pas, de sorte que les déchets plastiques que les humains ont générés peuvent rester pendant une centaine ou plusieurs centaines d’années. De plus en plus de déchets plastiques se retrouvent dans le paysage afghan, même dans des endroits qui méritent ou ont déjà le statut de parc national. La légende dit qu’un plongeon dans les lacs de Band-e-Amir, le premier parc national afghan, vous guérira des maladies, mais les ordures et les déchets qui semblent se retrouver dans les lacs suggèrent plutôt le contraire.
Initiative communautaire à Sokhtagi
Choquée par la quantité d’ordures qui jonchent les lacs, les lacs et les rivières des environs de Sokhtagi, la présidente de Nai Qala a partagé ses tristes sentiments avec la communauté locale lors de son séjour dans la région, en mars 2018. Ses paroles ont résonné positivement aux oreilles de la communauté et ont poussé les habitants à prendre des dispositions. Fin juin 2018, le conseil d’école de Sokhtagi a organisé une journée générale de collecte des déchets où plus de 350 personnes ont participé. Les parents, les enseignants et les élèves ont rassemblé plusieurs dizaines de kilos de plastique, de verre, de métal et de tissu provenant du marais de Sokhtagi et de ses abords.
Une telle motivation parmi la communauté de Sokhtagi, dans une région historiquement si isolée, est remarquable. Parmi de nombreux autres bénéfices, la construction d’une école rend les villageois attentifs à leur environnement. «Nous avons l’un des plus beaux lacs juste devant notre porte, nous devons en prendre soin et, qui sait, un jour notre village deviendra une zone qui attirera de nombreux étrangers à la visiter» a déclaré un homme qui faisait partie des bénévoles.
Prendre conscience de son environnement et des déchets générés
Nai Qala promeut des valeurs de durabilité et engage la communauté de tous les villages où elle construit une école ou un centre de santé à être consciente de son environnement et à prendre soin de la nature. L’association s’assure que l’environnement soit un sujet discuté avec les bénéficiaires de ses programmes.
À un moment où la Banque Mondiale estime que la production mondiale de déchets solides devrait augmenter de 70% d’ici 2025, les pays en développement faisant face aux plus grands défis, ces initiatives communautaires donnent un signal d’espoir fort. Non seulement la collecte des déchets, mais aussi une réflexion critique sur l’utilisation des matériaux ainsi que de bonnes pratiques de gestion des déchets aideront à garder ces régions éloignées du centre de l’Afghanistan propres. Espérons ensemble que la réduction et la collecte des déchets, une réflexion sur ce que l’on achète et un choix de matériaux plus durable, dans la mesure du possible, feront bientôt partie de la culture locale.
[1]Roland Geyer et al. Production, use, and fate of all plastics ever made. Science Advances, July 2017 DOI: 10.1126/sciadv.1700782