Behnam, Imani et Adeeb discourent de leur expérience de trois ans sur le terrain, comme enseignants itinérants dans les écoles de Nai Qala
“Nous sommes trois enseignants qui avons tous collaboré avec l’association Nai Qala (NQA) pendant 3 ans. Nous avons voyagé et aidé des centaines de filles pendant ces trois années. Nous nous sommes rendus dans 6 écoles différentes et des élèves sont venus de plus de 50 villages pour assister à nos cours.
Le but de notre intervention était d’aider les filles à entrer à l’université ou dans l’enseignement supérieur. Aujourd’hui encore, en Afghanistan, la qualité de l’éducation est insuffisante et représente un défi. C’est encore plus difficile dans les régions rurales et pour les étudiants de ces régions. De plus, pour les filles, c’est un défi encore plus grand. Nous sommes très fiers d’aider ces filles et de leur donner de l’espoir.
Nous étions mandatés par NQA, mais une fois que nous étions arrivés dans ces régions éloignées sans connexion téléphonique, nous n’avions pas besoin d’être supervisés par un de ses responsables. Nous avons fait notre travail avec engagement. Pour nous, la motivation a résulté du leadership de NQA. Nous avons travaillé dans des conditions très difficiles dans ces régions très éloignées.
Nous avons non seulement enseigné aux élèves, mais nous avons aussi collaboré socialement avec les parents et les aînés. Nous avons abordé la valeur de l’éducation et son importance. Nous avons pris notre temps parce que ces régions sont encore très sous-développées et que personne n’avait jamais abordé ce genre de discussion. Les communautés ont également pris ces messages très au sérieux, car notre contribution était très concrète et visible. Nous avons parlé positivement de leurs propres capacités et de la façon dont ils doivent se faire confiance.
Dans certains cas, lorsque nous avons identifié des filles qui avaient de plus grandes difficultés avec leurs études ou qui n’assistaient même pas à nos cours, nous avons pris le temps de marcher pendant des heures pour rencontrer les parents et leur expliquer pourquoi leur fille avait de telles difficultés ou les encourager à autoriser leurs filles à venir à l’école. Que quelqu’un se donne la peine de penser à leurs enfants a été très apprécié. Mais pour nous, c’était un devoir naturel pour notre pays et une contribution minimale.
Nous avons instauré une atmosphère tellement positive que les élèves ont commencé à être rarement absents ou même à ne plus l’être du tout. Les enfants sont devenus très motivés pour aller à l’école.
Un autre point très important de souligner est notre contribution à l’économie locale de ces régions éloignées. Les communautés avaient l’habitude d’envoyer leurs enfants dans les villes pour qu’ils reçoivent un soutien scolaire supplémentaire dans leurs cursus. Ce programme était important non seulement pour les élèves, mais surtout pour leurs parents, car ils pouvaient économiser de l’argent en ne les envoyant pas en ville. Notre programme était de la même qualité que celui des villes. De plus, les élèves ont obtenu de meilleures notes en classe.
Ces trois années nous ont permis d’apprendre à être rigoureux et à prendre des responsabilités. Cette mission a été le plus grand apprentissage de notre vie. Nous apprenons davantage lorsque nous sommes mis au défi. Notre mission a été extrêmement difficile, et c’était important. Parfois, il nous fallait nous laver le visage tôt le matin, à des températures de moins de 30 degrés. Nous devions briser la glace pour trouver l’eau. C’est à ce moment-là que nous avons craint de ne plus pouvoir continuer. Puis on voyait les filles arriver après une heure de marche par un temps aussi froid, avec leurs écharpes gelées autour du cou. C’est cela qui nous a convaincu de rester et d’aider ces filles… c’est la raison de notre motivation !
Enfin, nous avons découvert une autre province, encore plus isolée que la nôtre. Nous avons aussi réalisé qu’une autre province peut être belle avec sa culture et ses traditions, qu’elle peut vivre avec dignité et fierté malgré l’extrême pauvreté.
Nous resterons toujours fidèles à NQA et à sa vision pour l’Afghanistan, à sa foi profonde dans le changement et l’espoir pour les filles de ces régions isolées…. “
Avec tout notre respect,
Behnam, Emani et Adeeb
Note de la rédaction: Après trois années passées au service de l’Association Nai Qala, Behnam, Emani et Adeeb ont choisi de retourner à une vie plus sédentaire. Ils ont obtenu des postes d’enseignants d’état dans leur région d’origine.