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Une nouvelle école pour Sokhtagi

Une éducation de qualité, des conditions d’apprentissage améliorées et une augmentation des inscriptions : des objectifs largement atteints pour le projet de Sokthagi.

Inauguration

Le 27 aoĂ»t 2018, des centaines d’Ă©coliers et de villageois de Sokhtagi se sont rassemblĂ©s sous un soleil de plomb afin d’inaugurer ensemble la nouvelle Ă©cole. Cet Ă©vènement n’a pas Ă©tĂ© seulement un moment de cĂ©lĂ©bration, mais surtout l’occasion pour Nai Qala de remettre le projet Ă  la communautĂ©, aux anciens, aux Ă©coliers et Ă  leurs parents, ainsi qu’aux autoritĂ©s locales et provinciales. L’invitation de Nai Qala a Ă©tĂ© honorĂ©e par de nombreux officiels, dont le gouverneur et le ministre provincial de l’Ă©ducation. La cĂ©rĂ©monie a Ă©tĂ© organisĂ©e par Nai Qala qui en a dĂ©lĂ©guĂ© une partie Ă  un comitĂ© local composĂ© d’Ă©colières et de reprĂ©sentants de la communautĂ©.

La cĂ©rĂ©monie s’est dĂ©roulĂ©e de façon très harmonieuse, mĂ©langeant des parties officielles avec des discours et des moments rĂ©crĂ©atifs : un musicien jouant du dambura, des chansons et des poèmes spĂ©cialement créés pour l’Ă©vĂ©nement et prĂ©sentĂ©s par certaines Ă©lèves. Une petite dĂ©lĂ©gation d’Ă©colières de Zeera Gag, un village oĂą Nai Qala a construit une Ă©cole en 2015 a mĂŞme pris la route plus de 5 heures pour apporter un message d’encouragement Ă  leurs pairs de Sokhtagi.

Le projet

Mais refaisons un petit saut en arrière : la première pierre a Ă©tĂ© posĂ©e le 6 septembre 2017 devant les Ă©colières, le corps enseignant, les villageois et les autoritĂ©s locales. L’objectif principal du projet Ă©tait de fournir une Ă©ducation de qualitĂ©, d’amĂ©liorer les conditions d’apprentissage et d’accroĂ®tre les inscriptions des filles et des garçons en construisant un bâtiment scolaire entièrement Ă©quipĂ© pour 530 Ă©coliers.

Dès la signature de l’accord de projet, les gens ont Ă©tĂ© impatients de voir la construction de l’Ă©cole commencer. La consultation et la coordination avec la communautĂ© Ă©taient des prioritĂ©s pour Nai Qala avant et pendant la construction – et aujourd’hui encore alors que l’Ă©cole accueille dĂ©jĂ  ses Ă©lèves. Le choix du site, puis la qualitĂ© des matĂ©riaux de construction et l’importance de l’entretien ont Ă©tĂ© rĂ©gulièrement discutĂ©s avec les aĂ®nĂ©s de la communautĂ©. Afin de rassurer les autoritĂ©s provinciales et Nai Qala de la sĂ©curitĂ© et de l’entretien du bâtiment scolaire après l’achèvement des travaux, les membres de la communautĂ© se sont prĂ©sentĂ©s avec enthousiasme pour contribuer, selon leurs capacitĂ©s, non seulement Ă  la construction, mais aussi Ă  l’entretien futur. Dans le cadre de l’accord avec l’entreprise de construction, une main-d’Ĺ“uvre non qualifiĂ©e pour les travaux de construction a Ă©tĂ© embauchĂ©e localement afin de complĂ©ter le contingent de travailleurs qualifiĂ©s recrutĂ©s dans d’autres rĂ©gions.

Compte tenu de l’enthousiasme de la communautĂ© et de l’engagement de Nai Qala en faveur d’un travail de qualitĂ©, le gouvernement provincial a inclu le bâtiment de l’Ă©cole Sokhtagi dans son plan de dĂ©veloppement et a pris en charge le processus d’enregistrement. La gestion des Ă©coles et l’entretien des bâtiments ont Ă©tĂ© coordonnĂ©s avec les autoritĂ©s locales et provinciales.

Le projet a Ă©tĂ© mis en Ĺ“uvre conformĂ©ment au calendrier et aux spĂ©cifications prĂ©vues, et s’est terminĂ© presque une annĂ©e, jour pour jour, après le dĂ©but des travaux. Le rĂ©sultat est un bâtiment scolaire de 16 pièces, dont 9 salles de classe pour 530 Ă©lèves, un laboratoire et une salle d’informatique, une bibliothèque, deux salles pour l’administration et deux salles de stockage. Le projet a atteint tous les objectifs stipulĂ©s dans la proposition initiale et Nai Qala est très fière de fournir un environnement scolaire digne aux Ă©coliers de la communautĂ© de Sokhtagi.

Le futur

Au lendemain de l’inauguration de l’école, une Ă©quipe conjointe d’employĂ©s de Nai Qala, de membres de la communautĂ©, du ministère provincial de l’Éducation et de bĂ©nĂ©voles du Rotary club de Kaboul a passĂ© en revue la construction et confirmĂ© qu’elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans les dĂ©lais prĂ©vus et que le projet a atteint tous ses objectifs. Les membres de l’Ă©quipe se sont entretenus avec la communautĂ© bĂ©nĂ©ficiaire, les parents d’enfants d’âge scolaire et les autoritĂ©s provinciales au sujet du rĂ©sultat du projet. Les interlocuteurs ont exprimĂ© leur entière satisfaction et leur joie, et se sont engagĂ©s Ă  prendre toutes les mesures nĂ©cessaires pour maintenir le bâtiment scolaire dans les meilleures conditions possibles. « Avant mĂŞme la remise de l’Ă©cole, nous en parlions comme si c’Ă©tait la nĂ´tre. Maintenant, c’est vraiment la nĂ´tre. Toute la province nous observera. Nous devons leur montrer que nous pouvons entretenir notre Ă©cole et tout son Ă©quipement – et nous pouvons le faire parce que nous travaillons tous ensemble aujourd’hui. Ce n’est qu’un dĂ©but pour nous »a dĂ©clarĂ© un dirigeant de la communautĂ©.

Afin d’assurer la durabilitĂ© du projet, Nai Qala a consultĂ© tous les intervenants pour obtenir leur accord. En rĂ©ponse, le gouvernement central a inclus l’Ă©cole dans son plan national de dĂ©veloppement de l’Ă©ducation et s’est engagĂ©, par Ă©crit, Ă  gĂ©rer l’Ă©cole conformĂ©ment au programme scolaire national, aux normes Ă©ducatives et au matĂ©riel pĂ©dagogique. Le gouvernement assurera un suivi auprès de la communautĂ© pour s’assurer que le bâtiment est bien entretenu et fournira un petit montant d’aide financière pour les rĂ©parations en cas de dommages causĂ©s par la neige ou le vent.

La communautĂ© a mis en place un comitĂ© de protection de l’école pour superviser le projet et s’occuper de l’entretien en cas de dommages. Elle s’est Ă©galement engagĂ©e Ă  embaucher des enseignants supplĂ©mentaires au cas oĂą le gouvernement n’en affecterait pas suffisamment.

La construction et l’équipement complet de l’Ă©cole de Sokhtagi a Ă©tĂ© saluĂ©e par la communautĂ© locale et les bĂ©nĂ©ficiaires du projet (Ă©lèves et parents d’Ă©lèves), les reprĂ©sentants du ministère national de l’Ă©ducation, le directeur du ministère provincial de l’Ă©ducation et le prĂ©sident du conseil provincial. Nai Qala a appris que la construction de l’Ă©cole avec toutes ses installations, y compris les ordinateurs pour la formation, dans cette partie reculĂ©e du pays Ă©tait un rĂŞve qui est devenu rĂ©alitĂ© grâce Ă  l’association et Ă  ses donateurs.

Le ministère de l’Ă©ducation et le ministère provincial de l’Ă©ducation ont remerciĂ© Nai Qala d’avoir mis en Ĺ“uvre une partie de son plan de dĂ©veloppement qui exigeait une somme importante d’argent et des efforts techniques. Les autoritĂ©s ont promis de s’occuper de l’entretien et de la gestion de l’Ă©cole, y compris l’affectation des enseignants.

Impact

De nombreux indicateurs tangibles attestent du succès du projet. Le nombre initial d’Ă©coliers inscrits a augmentĂ© significativement car les parents sont dĂ©sormais assurĂ©s de la sĂ©curitĂ© de leurs enfants. De plus, de nombreuses filles qui avaient quittĂ© l’Ă©cole parce qu’elles devaient parcourir de longues distances Ă  pied pour recevoir un enseignement dans un environnement de qualitĂ© mĂ©diocre ont repris leurs Ă©tudes en rejoignant une classe de l’école ou dans un cours d’enseignement communautaire afin de pouvoir rejoindre les classes de l’école de Sokhtagi. Après seulement quelques semaines de fonctionnement, on peut dĂ©jĂ  constater un baisse importante du taux d’absentĂ©isme. « Nous ne sommes plus distraites par le bruit », « Nous avons les mĂŞmes conditions d’apprentissage qu’à Kaboul ou Bamyan », « Nous n’avions jamais imaginĂ© qu’une telle construction puisse exister » sont des messages que l’on peut dĂ©sormais entendre souvent Ă  Sokhtagi.

Les villageois ont dĂ©cidĂ© de permettre aux garçons, qui devaient parcourir de longues distances Ă  pied pour aller Ă  l’Ă©cole dans d’autres localitĂ©s, de rejoindre les filles Ă  l’Ă©cole de Sokhtagi oĂą des classes mixtes seront créées.

L’arrivĂ©e d’un bâtiment scolaire a un impact sur la durĂ©e de l’annĂ©e scolaire : en raison des fortes pluies ou de la neige, les cours n’avaient simplement pas lieu, raccourcissant d’une durĂ©e non nĂ©gligeable la couverture du programme scolaire. Les enseignants ne pouvaient pas suivre le programme annuel car les cours se dĂ©roulaient en plein air et Ă©taient impossibles pendant les fortes pluies ou les chutes de neige. Le projet permettra donc aux enseignants et aux Ă©lèves de terminer le programme scolaire dans des classes situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur sans devoir compter avec des conditions mĂ©tĂ©orologiques extrĂŞmes

L’objectif principal de ce projet Ă©tait de fournir une Ă©ducation de qualitĂ©, d’amĂ©liorer l’environnement d’apprentissage et d’accroĂ®tre les inscription en construisant un bâtiment scolaire entièrement Ă©quipĂ©. Au vu de ce qui prĂ©cède, le projet a dĂ©jĂ  atteint tous ses objectifs.

Grâce aux projets de Nai Qala, les habitants des rĂ©gions isolĂ©es et exclues du centre de l’Afghanistan sont en mesure de se forger un avenir meilleur. Pourtant, l’impact le plus important se fera sentir dans les annĂ©es Ă  venir. Les habitants de Sokhtagi sont fiers de leur Ă©cole. Ils y ont contribuĂ© et le processus les a aidĂ©s Ă  bâtir leur confiance. Maintenant, c’est Ă  eux et Ă  leurs enfants d’en faire bon usage.

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Formation d’éducatrices de la petite enfance

En Afghanistan, la formation des enseignants du pré-primaire est assurée par les ONGs

Bien qu’en Afghanistan le cycle pré-primaire fasse partie du plan national de l’éducation, il n’existe pas encore de formation officielle pour les enseignants et le soutien du gouvernement à l’éducation de la petite enfance reste plutôt limité. Ce sont ainsi des organisations non gouvernementales qui prennent le relais pour former des centaines d’enseignants chaque année et/ ou mettre en place des programmes d’éducation pré-primaire.

Parmi les ONGs actives sur le terrain, la Fondation Aga Khan bénéficie d’une expérience de plusieurs années dans l’éducation de la petite enfance en Afghanistan et dans d’autres régions du monde. Elle a ainsi établi, grâce à son réseau mondial, ses propres méthodes d’apprentissage et forme, chaque année, des centaines d’enseignants. Lors du lancement du projet de Nai Qala d’éducation de la petite enfance en 2017, deux futures éducatrices avaient suivi la formation dispensée par la fondation Aga Khan.

Au printemps 2018, Nai Qala a Ă©tendu son projet Ă  7 nouvelles classes et a recrutĂ© une dizaine de nouvelles enseignantes. La formation des jeunes femmes a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  une « ancienne » du projet, Khatira, qui a organisĂ© un sĂ©minaire de formation Ă  partir des notions pĂ©dagogiques acquises lors de sa propre formation, et enrichies par son expĂ©rience. La mĂ©thode d’enseignement pour les classes de maternelle est centrĂ©e sur l’élève, les travaux de groupe et fait un usage extensif des cartes-flash : les petites cartes que tout Ă©tudiant a utilisĂ© au moins une fois dans sa vie pour faire les rĂ©visions… pour les plus petits, on Ă©crit un mot d’un cĂ´tĂ© et de l’autre on le reprĂ©sente par un dessin. Khatira assure aussi une fois par semaine un suivi auprès des nouvelles enseignantes, dans leur classe respective et les invite aussi Ă  observer de temps en temps le dĂ©roulement de sa classe. Les enseignantes sont conscientes que les intĂ©rĂŞts et les capacitĂ©s des enfants varient considĂ©rablement au niveau prĂ©scolaire et que, par consĂ©quent, des activitĂ©s individuelles, en groupes soient prĂ©vues pour rĂ©pondre aux besoins des enfants et promouvoir le dĂ©veloppement des aptitudes cognitives, langagières, sociales, affectives et physiques. Dans les classes prĂ©scolaires, les possibilitĂ©s d’exploration crĂ©ative des enfants sont mises en Ă©quilibre avec les conseils des enseignants pendant les activitĂ©s d’enseignement et d’apprentissage structurĂ©s.

Afin de compléter la formation pédagogique des enseignantes, Nai Qala a aussi organisé pour quelques éducatrices, un cours de premier secours en partenariat avec l’organisation non gouvernementale JRS (Jesuit Refugee Service). afin d’acquérir les bons réflexes, spécialement lorsque on s’occupe de jeunes enfants. Quatre étudiantes se sont rendues à Kaboul dans les locaux du JRS pour apprendre comment stopper une hémorragie, traiter une brûlure, mettre en place une attelle ou encore faire un bandage. Ce cours, pensé et dispensé par une infirmière retraitée suisse, a été très apprécié et les jeunes femmes qui ont participé ont reçu la mission de transmettre les connaissances nouvellement acquises non seulement à leur collègues restées sur place, mais aussi aux parents de leurs jeunes élèves.

Le plan stratĂ©gique national de l’éducation afghan 2017-2021 prĂ©voit un nouveau diplĂ´me spĂ©cialisĂ© en dĂ©veloppement de la petite enfance et en Ă©ducation primaire; malheureusement, par manque de moyen, le cursus n’est pas encore en place aujourd’hui. Cependant un tel objectif est la reconnaissance du rĂ´le que des enseignants possĂ©dant des compĂ©tences spĂ©cialisĂ©es en matière d’enseignement et de dĂ©veloppement ainsi qu’une bonne comprĂ©hension peuvent avoir un impact positif sur le taux d’abandon scolaire et assurer un apprentissage solide aux enfants du cycle primaire infĂ©rieur. En attendant la mise en place d’un programme officiel de formation pour les enseignants, les ONGs jouent un rĂ´le important pour transmettre des notions de pĂ©dagogie et aborder les questions transversales telles que la santĂ©, l’environnement et l’Ă©galitĂ© des sexes.

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Ramassage des déchets

Le changement de comportement et la participation du public sont la clĂ© d’une gestion fonctionnelle des dĂ©chets.

Les déchets augmentent

L’humanitĂ© a créé 8,3 milliards de tonnes de plastique depuis que la production Ă  grande Ă©chelle des matĂ©riaux synthĂ©tiques a commencĂ© au dĂ©but des annĂ©es 1950, et la plus grande partie rĂ©side maintenant dans les dĂ©charges ou dans l’environnement naturel [1]. Ă€ l’Ă©chelle mondiale, quelque 3,5 milliards de personnes n’ont pas accès aux services formels de gestion des dĂ©chets et la population des rĂ©gions reculĂ©es d’Afghanistan ne fait pas exception.

Les chiffres mondiaux de la pollution par le plastique donnent des maux de tĂŞte: 500 milliards de sacs sont utilisĂ©s chaque annĂ©e, un million de bouteilles sont achetĂ©es chaque minute; la plupart des plastiques ne se biodĂ©gradent pas, de sorte que les dĂ©chets plastiques que les humains ont gĂ©nĂ©rĂ©s peuvent rester pendant une centaine ou plusieurs centaines d’annĂ©es. De plus en plus de dĂ©chets plastiques se retrouvent dans le paysage afghan, mĂŞme dans des endroits qui mĂ©ritent ou ont dĂ©jĂ  le statut de parc national. La lĂ©gende dit qu’un plongeon dans les lacs de Band-e-Amir, le premier parc national afghan, vous guĂ©rira des maladies, mais les ordures et les dĂ©chets qui semblent se retrouver dans les lacs suggèrent plutĂ´t le contraire.

Initiative communautaire Ă  Sokhtagi

ChoquĂ©e par la quantitĂ© d’ordures qui jonchent les lacs, les lacs et les rivières des environs de Sokhtagi, la prĂ©sidente de Nai Qala a partagĂ© ses tristes sentiments avec la communautĂ© locale lors de son sĂ©jour dans la rĂ©gion, en mars 2018. Ses paroles ont rĂ©sonnĂ© positivement aux oreilles de la communautĂ© et ont poussĂ© les habitants Ă  prendre des dispositions. Fin juin 2018, le conseil d’Ă©cole de Sokhtagi a organisĂ© une journĂ©e gĂ©nĂ©rale de collecte des dĂ©chets oĂą plus de 350 personnes ont participĂ©. Les parents, les enseignants et les Ă©lèves ont rassemblĂ© plusieurs dizaines de kilos de plastique, de verre, de mĂ©tal et de tissu provenant du marais de Sokhtagi et de ses abords.

Une telle motivation parmi la communautĂ© de Sokhtagi, dans une rĂ©gion historiquement si isolĂ©e, est remarquable. Parmi de nombreux autres bĂ©nĂ©fices, la construction d’une Ă©cole rend les villageois attentifs Ă  leur environnement. «Nous avons l’un des plus beaux lacs juste devant notre porte, nous devons en prendre soin et, qui sait, un jour notre village deviendra une zone qui attirera de nombreux Ă©trangers Ă  la visiter» a dĂ©clarĂ© un homme qui faisait partie des bĂ©nĂ©voles.

Prendre conscience de son environnement et des déchets générés

Nai Qala promeut des valeurs de durabilitĂ© et engage la communautĂ© de tous les villages oĂą elle construit une Ă©cole ou un centre de santĂ© Ă  ĂŞtre consciente de son environnement et Ă  prendre soin de la nature. L’association s’assure que l’environnement soit un sujet discutĂ© avec les bĂ©nĂ©ficiaires de ses programmes.

Ă€ un moment oĂą la Banque Mondiale estime que la production mondiale de dĂ©chets solides devrait augmenter de 70% d’ici 2025, les pays en dĂ©veloppement faisant face aux plus grands dĂ©fis, ces initiatives communautaires donnent un signal d’espoir fort. Non seulement la collecte des dĂ©chets, mais aussi une rĂ©flexion critique sur l’utilisation des matĂ©riaux ainsi que de bonnes pratiques de gestion des dĂ©chets aideront Ă  garder ces rĂ©gions Ă©loignĂ©es du centre de l’Afghanistan propres. EspĂ©rons ensemble que la rĂ©duction et la collecte des dĂ©chets, une rĂ©flexion sur ce que l’on achète et un choix de matĂ©riaux plus durable, dans la mesure du possible, feront bientĂ´t partie de la culture locale.

[1]Roland Geyer et al. Production, use, and fate of all plastics ever made. Science Advances, July 2017 DOI: 10.1126/sciadv.1700782

Première rentrée pour 180 petits Afghans

Alors que la plupart des enfants de l’hémisphère nord sont en pleines vacances d’été, 180 jeunes enfants âgés de 4 à 6 ans ont étrenné leur première rentrée ce mois de juillet.

Préparation du matériel

La présidente de Nai Qala, Taiba Rahim et les employés du bureau de Kaboul n’ont pas chômé ces dernières semaines. Plusieurs centaines de kilos de matériel ont en effet été rassemblés à Kaboul pour équiper les classes.

Ce sont des dizaines de chaises, plusieurs étagères, coffres à jouets, tableaux blancs mais aussi tapis, le tout multiplié par 7, qui ont été envoyés dans 7 villages des régions montagneuses de Ghazni (proche des écoles de Sada, Ghow Murda et Nai Qala).

En plus de l’ameublement, du matériel scolaire en grande quantité a aussi été acheté et transporté ; ce sont, entre autres,:

  • des dizaines de kilos de plots en bois fabriquĂ©s pour l’occasion par des menuisiers locaux;
  • des jouets, jeux de construction, des petites voitures, de la dĂ®nette, des ballons et biens d’autres;
  • du papier, du carton, des crayons de couleur, de la peinture;
  • du matĂ©riel hygiĂ©nique de base tels savons, brosses Ă  dents et dentifrice.

Le team de Kaboul, reprĂ©sentĂ© par MM. Qeyam et Ali Reza s’est impliquĂ© Ă  200% dans l’installation des classes, non seulement depuis la capitale oĂą ils ont organisĂ© soigneusement toute la logistique et oĂą ils se sont assurĂ©s que le matĂ©riel achetĂ© Ă©tait correctement emballĂ© pour subir les alĂ©as du transport sur des routes parfois très cahoteuses mais aussi sur le terrain. Qeyam a passĂ© un mois complet dans les villages pour s’assurer que tout le matĂ©riel Ă©tait bien arrivĂ© et distribuĂ©, et que chaque classe Ă©tait parfaitement installĂ©e. Chaque village est sĂ©parĂ© par une distance de 20 minutes Ă  1 heure de voiture; pour relier le premier au dernier village, il faut compter 4 heures de route.

Formation accélérée pour les enseignantes

Après un processus de recrutement oĂą plus de 55 candidates se sont prĂ©sentĂ©es, le team de Kaboul a retenu 9 jeunes femmes. Celles-ci sont des filles diplĂ´mĂ©es des 3 premières Ă©coles  construites par Nai Qala, souvent cĂ©libataires ou parfois dĂ©jĂ  mariĂ©es, et qui sont titulaires d’un diplĂ´me d’une haute Ă©cole (universitĂ© ou autre). Comme les perspectives d’emplois dans ces rĂ©gions reculĂ©es sont minimes, la crĂ©ation de classes d’éducation de la petite enfance ouvre de nouvelles perspectives d’emploi.

C’est à Zewar, une des deux enseignantes des classes d’éducation de la petite enfance ouvertes en 2017, qu’est incombée la responsabilité d’organiser un atelier de 3 jours pour donner quelques bases de pédagogie aux nouvelles recrues. Zewar avait elle-même bénéficié d’un atelier pratique d’une semaine, suivi par un autre en cours d’emploi, avant d’enseigner aux petits. Pour les jeunes femmes, l’atelier était la première expérience du genre de leur vie.

En plus de cette formation expresse, Zewar suivra au jour le jour les nouvelles enseignantes dans leurs classes respectives. Elle se rendra dans chaque village, en voiture accompagnée d’un chauffeur expérimenté, pour encourager, guider et soutenir chacune des maîtresses dans leur nouvelle expérience.

Lors de l’atelier de formation, les jeunes femmes ont découvert le matériel pédagogique mais ont pu aussi se familiariser avec les jeux et jouets divers. Cette formation a aussi été l’occasion de tester pour la première fois des jouets, auxquels elles n’avaient pas eu accès lorsqu’elles étaient petites. Une découverte émouvante !

Implication de la communauté locale

L’implication de la communauté locale est essentielle dans le projet. Chaque communauté a en effet mis à disposition la meilleure salle du village afin de créer des conditions d’apprentissage adéquates. Dans certains cas, si les tapis apportés par Nai Qala ne recouvraient pas tous les sols, les villageois ont mis à disposition de la moquette pour couvrir les parties manquantes. La communauté a pris très à cœur l’installation du matériel, participant au déchargement, déballage et aménagement.

Chaque village a attendu avec impatience l’arrivée de Qeyam; toute la communauté des hommes, des femmes, des enfants s’est rassemblée, prête à offrir son aide pour  transporter le matériel, arrimer le panneau informant du projet au bord de la route ou encore aménager la classe.

Ce qui ne se voit pas

La mise en place d’un projet d’une telle envergure nécessite des mois de préparation. Ce sont en effet de nombreuses visites auprès des ministères central et provincial, et des heures de négociations avec les villageois qui ont été nécessaire pour assurer la durabilité du projet. Un accord a été signé avec le gouvernement pour assurer le suivi au-delà des 3 premières années de fonctionnement; des accords avec chaque communauté locale ont été conclus pour assurer la mise à disposition des locaux où les cours seront dispensés.

Chaque organisation opĂ©rant dans le domaine de l’Ă©ducation doit impliquer le ministère de l’Ă©ducation puisque celui-ci se porte garant du plan national d’Ă©ducation. Par consĂ©quent, le gouvernement surveillera les progrès du projet et formulera Ă©galement des suggestions constructives Ă  son propos. Le ministère de l’Ă©ducation, par le biais de sa direction au niveau provincial, s’est donc engagĂ© Ă  assurer le suivi pour s’assurer que le projet fonctionne en s’appuyant sur la communautĂ© et pour gĂ©rer les classes d’éducation de la petite enfance en terme de ressources humaines, après 2020.

La rentrée scolaire

Ce sont au total 180 enfants qui ont participé à leur première rentrée scolaire. Le projet d’éducation de la petite enfance de Nai Qala, touche 9 classes de 9 villages : 7 nouvelles classes qui se sont ajoutées aux 2 classes déjà initiées lors de la rentrée de l’été 2017.

Les petits, entre 4 et 6 ans, apprendront non seulement à lire et à écrire mais aussi à imaginer et à se développer par le jeu et les activités artistiques. La classe d’éducation de la petite enfance est aussi l’occasion pour ces jeunes enfants de se sociabiliser et apprendre quelques bonnes manières et les bases l’hygiène.

Après quelques jours seulement de cours, les retours sont déjà très positifs. Les parents affirment qu’ils n’ont pas de problème à réveiller leurs enfants tôt le matin, ce qui n’était pas forcément le cas avant la rentrée. Les habitants des 9 villages sont très heureux et font en sorte que le programme se passe bien. Les enseignantes sont super motivées et la joie se lit sur les visages des enfants.

Pour en savoir plus sur Nai Qala et l’éducation de la petite enfance, c’est par ici.

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Bamyan, entre espoir et ouverture

Un festival de musique comme symbole d’un changement Ă©mergent

Après toutes les horreurs qui se sont dĂ©roulĂ©es Ă  Bamyan, la ville est en passe de devenir le centre musical de l’Afghanistan. Un signal fort dĂ©montrant le non-sens de la destruction des monuments historiques, des concerts ont lieu juste devant l’emplacement vide des bouddhas.

Pour la deuxième annĂ©e consĂ©cutive Bamyan accueille le festival de dambora, une guitare traditionnelle Ă  2 cordes. Le festival de musique  est ouvert Ă  tous les musiciens dĂ©butants ou confirmĂ©s, garçons, filles, vieux ou jeunes… et bien sĂ»r aux stars. Le festival a lieu, cette annĂ©e du 29 au 30 juin.Des milliers de fans acclament leurs musiciens et chanteurs prĂ©fĂ©rĂ©s, et certains esquissent quelques pas de danse.  La province de Bamyan est la seule d’Afghanistan oĂą les femmes vont au concert et peuvent exprimer  librement leur joie. Le festival est un symbole d’un changement Ă©mergent qui se manifeste mĂŞme dans les moments de souffrance et de dĂ©sespoir.

Le festival de dambora se passe dans une rĂ©gion oĂą Nai Qala a construit 6 Ă©coles et a Ă©galement contribuĂ© Ă  des changements positifs, en particulier l’autonomisation des femmes. Les Ă©coles de Nai Qala se trouvent juste au delĂ  des montagnes!

Le dispensaire de Nawur comme base confirmée pour la vaccination

Le centre de santé de Nawur est utilisé comme plate-forme pour les campagnes de vaccination dans la région.

L’Afghanistan est l’un des trois derniers pays au monde oĂą la poliomyĂ©lite est encore endĂ©mique [1]. 14 cas de polio ont Ă©tĂ© signalĂ©s en 2017 et, Ă  la fin d’avril 2018, 7 nouveaux cas ont Ă©tĂ© detectĂ©s dans le pays [2]. La polio affecte principalement les enfants de moins de 5 ans et une infection sur 200 entraĂ®ne une paralysie irrĂ©versible.

La poliomyĂ©lite est l’une des rares maladies qui peuvent ĂŞtre Ă©radiquĂ©es et elle peut ĂŞtre Ă©radiquĂ©e parce qu’elle n’affecte que les humains, car il existe un vaccin oral bon marchĂ©, sĂ»r et simple, et  parce que l’immunitĂ© dure toute la vie.

En mars, l’initiative afghane d’Ă©radication de la poliomyĂ©lite a menĂ© sa première campagne nationale d’immunisation de 2018, pour Ă©radiquer la maladie . En seulement une semaine, environ 70’000 travailleurs ont frappĂ© aux portes et arrĂŞtĂ©s des familles dans les centres de santĂ©, dans les rues et aux postes frontières pour vacciner près de dix millions d’enfants [3]. Les donnĂ©es de suivi ont reflĂ©tĂ© plus de 94% de couverture dans chaque campagne de vaccination en 2017. Le nombre d’enfants non atteints en raison de l’inaccessibilitĂ© gĂ©ographique a baissĂ© depuis 2017 mais on estime que 138 000 enfants manquaient toujours dans la campagne nationale de mars 2018.

Sans une clinique, une rĂ©gion comme Nawur serait restĂ©e inconnue des autoritĂ©s sanitaires. Ă€ son ouverture, le ministère de la santĂ© publique a informĂ© des organisations telles l’UNICEF, qui ont enregistrĂ© la clinique en tant que centre de vaccination. Le ministère et ses partenaires tentent depuis longtemps d’atteindre des zones isolĂ©es avec des campagnes de vaccination et la clinique de santĂ© leur fournit une base fiable dans la rĂ©gion. Avant la mise en place, en 2011,  de la clinique de Sar Assya dans le district de Nawur [4], diverses maladies restaient non traitĂ©es, le taux de mortalitĂ© des mères et des enfants Ă©tait Ă©levĂ© et les enfants ne recevaient pas les vaccinations requises. Les services de la clinique de Nawur ont apportĂ© des amĂ©liorations significatives dans la situation sanitaire de la population.

Depuis l’inscription du dispensaire dans le système national de soins de santĂ©, le personnel de Nawur a vaccinĂ© des milliers d’enfants non seulement contre la polio, mais aussi contre d’autres maladies infectieuses comme la tuberculose, la diphtĂ©rie, le tĂ©tanos, la coqueluche, etc. En 2017, 1 022 enfants et plusieurs centaines de femmes ont Ă©tĂ© vaccinĂ©s Ă  Nawur. Au cours de la seule campagne de vaccination de mars 2018, 142 jeunes enfants ont reçu le vaccin antipoliomyĂ©litique.

Grâce Ă  sa mise en Ĺ“uvre dans une rĂ©gion reculĂ©e du centre de l’Afghanistan, le centre de santĂ© de Nawur contribue Ă  la rĂ©duction de la mortalitĂ© et sert de base Ă  la vaccination et Ă  d’autres campagnes de prĂ©vention.

[1] http://moph.gov.af/en/page/polio-eradication/polio-situation-updates

[2] Note: depuis 2016, aucun cas n’a Ă©tĂ© signalĂ© dans la rĂ©gion centrale de l’Afghanistan oĂą Nai Qala opère.

[3] http://www.emro.who.int/afg/photo-essays/ten-million-children-70000-workers-five-days.html; http://www.emro.who.int/afg/programmes/polio-eradication-initiative.html

2011 – Sar Assya

Education des filles, un changement d’Ă©tat d’esprit

Promouvoir l’Ă©ducation des filles et les changements culturels grâce Ă  un programme de renforcement des capacitĂ©s

AmĂ©liorer la qualitĂ© de l’Ă©ducation dans les Ă©coles que Nai Qala a construit.
Dans l’ensemble, la qualitĂ© de l’Ă©ducation en Afghanistan, en particulier dans les zones rurales, est très basse. Pour remĂ©dier Ă  cela, l’Association Nai Qala non seulement construit des bâtiments scolaires dans ces rĂ©gions isolĂ©es, mais propose aussi plusieurs classes de tutorat en sciences, et des cours de prĂ©paration au test national d’entrĂ©e Ă  l’universitĂ©. Sans ces cours, beaucoup de filles n’auraient pas pu se prĂ©senter Ă  l’examen, les parents n’ayant pas les moyens et la motivation de les envoyer en ville pour suivre des cours particuliers.

Le rôle des enseignants de Nai Qala dans le renforcement des capacités représente beaucoup plus que le transfert de connaissances scientifiques.
InspirĂ©e par son expĂ©rience avec les systèmes scolaires occidentaux qui favorisent une communication rĂ©gulière entre les enseignants et les parents, la prĂ©sidente de Nai Qala a motivĂ© les enseignants-formateurs Ă  Ă©tablir une telle culture de dialogue. Les formateurs rencontrent les parents, souvent Ă  la maison, pour les encourager Ă  apporter leur soutien aux enfants. Dans les rĂ©gions rurales reculĂ©es, de nombreux parents sont analphabètes et ne peuvent pas aider les enfants Ă  faire leurs devoirs, mais ils peuvent par contre les aider en leur donnant de l’espace et en leur faisant confiance.

Les formateurs sont très conscients de l’importance du rĂ´le des parents dans l’Ă©ducation des enfants et se sont rendu compte que ce soutien manquait Ă  l’Ă©cole. Les enseignants-formateurs de Nai Qala vont mĂŞme rendre visite aux parents des Ă©lèves qui ne participent pas pendant les cours; ils marchent parfois pendant quelques heures pour trouver une maison presque isolĂ©e, dans les montagnes, avec un petit bout de terrain et quelques tĂŞtes de bĂ©tail. Quand les parents voient le professeur, ils ont d’abord un peu peur, se demandant ce qu’il attend d’eux et pourquoi il vient chez eux. Cependant, lorsque les enseignants se prĂ©sentent et expliquent que cela fait partie de leur rĂ´le de rencontrer les parents, non seulement parce que leur enfant vient en classe de renforcement des capacitĂ©s, mais aussi pour fĂ©liciter les parents de les envoyer au cours. Beaucoup de parents ne peuvent croire ce qu’ils entendent et deviennent Ă©motifs. Étonnamment, les enseignants voient très souvent une attitude diffĂ©rente chez leurs Ă©lèves dans les jours qui suivent la visite. Cette fille ou ce garçon vient plus tĂ´t Ă  l’Ă©cole et interagit plus, Ă©tant maintenant conscient que ses professeurs lui donnent de l’importance.

Les enseignants prennent des initiatives pour stimuler la participation des filles en classe.
Les enseignants discutent entre eux de la participation et de l’implication des Ă©lèves dans la classe. Ils ont, par exemple, dĂ©cidĂ© de rĂ©partir dans des classes sĂ©parĂ©es deux sĹ“urs qui Ă©taient trop passives pendant les cours et ont encouragĂ© leurs camarades Ă  soutenir les sĹ“urs. Les filles ont pleurĂ© et ont beaucoup souffert de la sĂ©paration pendant quelques jours, mais sont ensuite devenues par la suite les Ă©lèves les plus brillantes de l’Ă©cole.

Un changement d’Ă©tat d’esprit des enseignants sur l’Ă©ducation des filles.
Les enseignants-formateurs de Nai Qala viennent eux-mĂŞmes de rĂ©gions rurales reculĂ©es du centre de l’Afghanistan, et sont originaires de communautĂ©s pauvres et traditionnelles. « Quand j’Ă©tais Ă  l’Ă©cole, j’ai Ă©tudiĂ© dans une classe mixte, avec des filles. J’ai toujours gardĂ© une idĂ©e en tĂŞte: pourquoi les filles devraient-elles venir Ă  l’Ă©cole? Elles ne sont pas faites pour l’Ă©cole, Ă  quoi cela leur sert-il?  » se souvient Jawad, un enseignant-formateur de Nai Qala âgĂ© de 26 ans. La description des tâches des enseignants-formateurs met un accent particulier sur l’Ă©ducation des filles. Les enseignants ont non seulement reçu une formation sur les droits de l’homme et des femmes, mais ils ont Ă©galement Ă©tĂ© formĂ©s par le personnel de Nai Qala sur la façon d’encourager les filles et leurs parents. Jawad a racontĂ© qu’une fois qu’il a vu une fille rĂ©pondre Ă  un problème mathĂ©matique très complexe devant la classe, sa perception des filles a Ă©tĂ© changĂ©e pour toujours: « Elle a commencĂ© Ă  Ă©crire et Ă  rĂ©soudre le problème avec compĂ©tence. Dans cette minute, je suis allĂ© au fond de ma pensĂ©e et me suis interrogĂ©: pourquoi Ă©tais-je si nĂ©gatif au sujet des filles? Est-ce la sociĂ©tĂ© qui m’a influencĂ©? Beaucoup de questions me sont venues Ă  l’esprit et cette nuit-lĂ , je n’ai pas bien dormi … Après cette journĂ©e, je suis devenu très dĂ©terminĂ© d’aider les filles. C’est maintenant la troisième annĂ©e que j’enseigne aux filles et les aide pour les matières scientifiques, avec mes collègues. Jusqu’Ă  prĂ©sent, j’ai aidĂ© environ 1000 filles âgĂ©es de 12 Ă  18 ans. Je n’aurais jamais imaginĂ© que je serais capable de faire mon travail avec une telle motivation. Il n’est jamais trop tard pour se rendre compte que les filles ont les mĂŞmes talents et mĂ©ritent les mĂŞmes droits que les garçons. Je suis reconnaissant Ă  Nai Qala de m’avoir aidĂ© Ă  rĂ©aliser ce point important « .

Avec le soutien de Nai Qala, des centaines de filles sont en route pour l’universitĂ©. Dans l’une des rĂ©gions rurales les moins dĂ©veloppĂ©es de l’Afghanistan, cela reprĂ©sente un changement extraordinaire et apporte de l’espoir. Le programme de renforcement des capacitĂ©s est une formidable plateforme qui permet d’apporter des changements culturels graduels dans les rĂ©gions reculĂ©es et de promouvoir l’Ă©ducation des filles.

Egalité des genres

Les actions de Nai Qala visent à réduire les inégalités entre les genres.

Alors que le monde a progressĂ© vers plus d’Ă©galitĂ© des genres et l’autonomisation des femmes, les femmes et les filles continuent d’ĂŞtre victimes de discrimination dans toutes les rĂ©gions d’Afghanistan. Le taux d’alphabĂ©tisation des jeunes femmes ne s’Ă©lève qu’Ă  57% de celui des jeunes hommes[1].  Les indices de frĂ©quentation scolaire montrent, Ă©galement et sans ambiguĂŻtĂ©, des disparitĂ©s entre les sexes, qui diminuent en fonction du niveau d’Ă©ducation (47.6% des filles frĂ©quentent le primaire, 23.7% frĂ©quentent le secondaire et 5.2 frĂ©quentent l’enseignement supĂ©rieur). La part des femmes afghanes dans l’Ă©conomie ne reprĂ©sente qu’un tiers de celle des hommes, et les indices du chĂ´mage et de la proportion de jeunes hors du système Ă©ducatif ou formatif, et sans emploi montrent une position très dĂ©favorisĂ©e des femmes sur le marchĂ© du travail.

Le fossĂ© entre les sexes, autant dans l’Ă©ducation que l’Ă©conomie, suggère que les obstacles culturels empĂŞchent d’exploiter le potentiel de dĂ©veloppement des filles et des femmes dans la sociĂ©tĂ© afghane et qu’ils restreignent leur accès Ă  l’Ă©ducation et au marchĂ© du travail. Afin de remĂ©dier Ă  ce dĂ©sĂ©quilibre, Nai Qala a placĂ© l’Ă©galitĂ© des sexes au cĹ“ur de tous ses projets. La vision de Nai Qala est une sociĂ©tĂ© Ă©duquĂ©e, saine et Ă©quilibrĂ©e dans laquelle les femmes et les hommes mènent des changements sociaux, culturels et Ă©conomiques d’une manière inclusive qui permet Ă  leurs enfants – garçons et filles – de prospĂ©rer, en se concentrant sur les parties nĂ©gligĂ©es de l’Afghanistan.

Faciliter l’accès Ă  des services d’Ă©ducation et de santĂ© de qualitĂ©
De longues distances pour se rendre Ă  l’Ă©cole et une rĂ©ticence Ă  envoyer les enfants Ă  l’Ă©cole sont de loin les raisons les plus courantes de ne pas commencer l’Ă©cole; de plus, la nĂ©cessitĂ© du travail des enfants et le manque de pertinence Ă  poursuivre les Ă©tudes sont les raisons les plus importantes de mettre fin aux Ă©tudes, des constats soulignĂ©s par l’Ă©tude nationale sur les conditions de vie (ALCS, [1]). Afin de rĂ©duire les distances Ă  parcourir, Nai Qala s’efforce de construire ou de rĂ©nover des Ă©coles et d’amĂ©liorer la qualitĂ© de l’Ă©ducation dans les rĂ©gions reculĂ©es. Des conditions d’apprentissage dĂ©centes et plus accessibles ainsi que de meilleurs services Ă©ducatifs sont une grande motivation pour les enfants Ă  aller ou retourner Ă  l’Ă©cole. L’Ă©cole de Katawaie illustre parfaitement l’impact d’un nouveau bâtiment sur l’inscription des enfants Ă  l’Ă©cole: après son inauguration, l’Ă©cole de Katawaie a Ă©tĂ© victime de son propre succès puisque le nombre de filles a augmentĂ© de 25% et que de nouvelles classes ont dĂ» ĂŞtre ouvertes dans la cour de l’Ă©cole. Un impact similaire a Ă©tĂ© constatĂ© Ă  Zeera Gag oĂą initialement l’Ă©cole a Ă©tĂ© construite pour 520 filles mais oĂą on  en dĂ©nombre de 650 aujourd’hui.

L’une des conclusions les plus importantes de l’ALCS est que le principal problème du système Ă©ducatif afghan n’est pas tant la rĂ©tention et l’abandon, mais surtout le commencement de l’Ă©cole. Nai Qala a mis en place des cours d’Ă©ducation de la petite enfance dans deux villages et prĂ©voit d’en ouvrir de nouveaux. Les cours d’Ă©ducation de la petite enfance aident non seulement les garçons et les filles Ă  dĂ©velopper leur imagination, leurs talents et leur confiance dès le plus jeune âge, mais leur apprennent aussi Ă  jouer ensemble, de manière inclusive, comme une habitude normale. Les attitudes, les comportements et les expĂ©riences nouvellement acquis chez les jeunes enfants contribuent Ă  leur rĂ©ussite scolaire Ă  long terme et rĂ©duisent les taux d’abandon scolaire. Le programme de la petite enfance met Ă©galement l’accent sur les mères, en les impliquant activement dans la classe. Un tel programme a un impact particulier sur la famille. Les mères dĂ©veloppent leur confiance et, plus important encore, une conscience de la façon dont elles peuvent Ă©duquer leurs jeunes enfants pour contribuer Ă  un environnement familial plus sain.

Selon l’ALCS, 70% des femmes qui ont eu un bĂ©bĂ© en Afghanistan au cours des cinq dernières annĂ©es ont eu au moins un examen prĂ©natal. Cependant, seulement 16 pour cent ont reçu quatre examens prĂ©nataux, le nombre recommandĂ© par l’organisation mondiale de la santĂ© pour les grossesses normales. Encore une fois, la distance jusqu’Ă  un centre de santĂ© peut ĂŞtre un facteur contribuant Ă  la faible utilisation des services de santĂ©, mais ce n’est pas le seul. Les hommes ayant des problèmes de santĂ© peuvent se rendre en ville pour se faire soigner dans un hĂ´pital, mais la situation des femmes malades ou enceintes est plus difficile. Une femme malade doit ĂŞtre accompagnĂ©e Ă  l’hĂ´pital par une femme et par un parent masculin. Certains problèmes de santĂ© nĂ©cessitent un sĂ©jour prolongĂ© Ă  l’hĂ´pital et certains nĂ©cessitent un suivi mĂ©dical pendant des mois. De plus, les familles sont souvent rĂ©ticentes Ă  payer des frais d’hospitalisation prolongĂ©e. Par consĂ©quent, les femmes ne se rendent tout simplement pas dans des hĂ´pitaux Ă©loignĂ©s. ConsidĂ©rant ce fait, Nai Qala Association a construit un centre de santĂ© de base, Ă  Nawur. Le pourcentage de naissances assistĂ©es par du personnel de santĂ© qualifiĂ© augmente chaque annĂ©e; pour la seule annĂ©e 2017, 126 bĂ©bĂ©s ont vu le jour, en toute sĂ©curitĂ©, dans le centre de santĂ© de Nawur. Le dispensaire profite Ă  20’000 personnes et a transformĂ© les conditions de santĂ© et les habitudes d’hygiène dans la rĂ©gion, tant pour les femmes que pour les hommes.

Mener le changement en donnant l’exemple
L’Association Nai Qala vise Ă  contribuer au changement culturel en Afghanistan. La prĂ©sidente de l’organisation, Taiba Rahim, est un modèle dans un pays oĂą le leadership fĂ©minin est encore rare [2]. Montrer aux filles que le changement est possible et que les femmes ont un rĂ´le important Ă  jouer est crucial pour l’avenir du pays. Il y a une plus grande participation fĂ©minine dans les projets de Nai Qala que dans tout autre projet similaire dans la rĂ©gion. Les femmes ont vu que les projets de Nai Qala sont proposĂ©s et menĂ©s par une des leurs, ce qui fait toute la diffĂ©rence pour elle. La force nouvellement acquise et la confiance en soi ont incitĂ© les femmes du village reculĂ© de Sokhtagi Ă  crĂ©er un conseil des femmes, le tout premier conseil des femmes non seulement dans le district, mais certainement aussi dans toute la province.

Tous les employĂ©s locaux de Nai Qala reçoivent une formation sur les droits de l’homme et l’Ă©galitĂ© des genres. Chaque membre du personnel incarne les valeurs de l’organisation par l’exemplaritĂ© de sa pratique et de ses actions, au bureau et sur le terrain. Les enseignants-formateurs sont devenus les meilleurs ambassadeurs de Nai Qala pour promouvoir l’Ă©ducation des filles, en discutant avec la communautĂ© ou en motivant les parents en faisant du porte-Ă -porte.

Offrir aux femmes et aux filles un accès Ă©gal Ă  l’Ă©ducation, aux services de santĂ©, Ă  un travail dĂ©cent et Ă  la reprĂ©sentation dans les processus dĂ©cisionnels peut alimenter des Ă©conomies durables, et profiter aux familles et aux communautĂ©s dans leur ensemble. L’Ă©galitĂ© des genres est non seulement un droit humain fondamental, mais aussi la base d’un pays pacifique, prospère et durable. Toute petite amĂ©lioration vers l’Ă©galitĂ© des genres peut apporter de grands changements dans l’Ă©tat d’esprit et profiter Ă  l’ensemble de la sociĂ©tĂ©.

 

[1] Tous les chiffres proviennent de l’Ă©tude des conditions de vie en Afghanistan (« Afghanistan Living Conditions Survey » – ALCS) 2016 – 2017, publiĂ©e le 7 mai 2018 par l’organisation centrale des statistiques de la rĂ©publique islamique d’Afghanistan http://cso.gov.af/Content/files/Surveys/ALCS/Final%20English%20ALCS%20Highlight(1).pdf

[2] Le pourcentage de femmes occupant un poste de direction ne représente que 6.6% de celui des hommes (ALCS, 2018).

RĂ©duire la pauvretĂ© rurale – GĂ©nĂ©ration de revenu

La génération de revenu liée au chantier de construction favorise la croissance d’une économie locale presque inexistante. 

Bien que seulement 12% seulement du territoire national soit cultivable, l’économie afghane dépend fortement de l’agriculture, en particulier dans les régions reculées. Le secteur primaire fait vivre plus de 60% de la population mais la moitié des ménages ruraux pratiquent seulement une agriculture de subsistance, et ne commercialisent pas leur production. Ces populations sont les plus durement affectées par les variations saisonnières : les hivers sont souvent longs et rigoureux et pour survivre jusqu’au printemps, une grande partie de ces petits paysans doit vendre des têtes de bétail, trouver un emploi en dehors de l’agriculture ou emprunter de l’argent. La pauvreté frappe particulièrement les régions montagneuses, où le mauvais état des routes et l’accès difficile aux marchés s’ajoutent aux aléas climatiques.

Abuzhar a 35 ans et travaille comme cuisinier sur le chantier de l’école de Sokthagi. Il est très content d’avoir pu trouver un emploi . Ce revenu inespéré fait dire à ce père : « sans ce travail, je n’aurais pas pu subvenir aux besoins des cinq membres de ma famille. Je n’avais aucun espoir car je ne possède pas de terrain et n’avais aucune perspective de revenu ».

Mohamed, âgé de 50 ans et à la tête d’une famille de 8 enfants a profité de passer son permis de construire poids lourd lorsqu’il a appris que Nai Qala allait démarrer la construction d’une école dans son village. Ses premiers mois de  salaire comme chauffeur lui permettent de faire vivre sa famille pendant une année. Avec le salaire qu’il recevra pour la deuxième phase du chantier, il envisage d’acheter du bétail. Quatre enfants de Mohamed sont scolarisés, 3 filles et un garçon. Grâce à son salaire et la perspective du bétail à venir, il est optimiste quant à l’éducation de ses enfants; il est maintenant à même de leur assurer un accès à l’école.

L’arrivée d’un chantier dans les régions reculées, tel celui de l’école de Sokhtagi, est souvent une occasion unique et inespérée d’obtenir un revenu. A ce jour, 34 personnes travaillent sur le site de la future école, dont 26 sont des employés locaux recrutés dans le village spécialement pour le projet. En plus de fournir un salaire aux ouvriers, l’entreprise de construction achète des aliments aux familles et sur le marché local afin de nourrir ses employés fixes. Salaires et achats alimentaires sont une contribution bienvenue à la croissance de l’économie locale et réduisent la pauvreté des familles.

Des matériaux durables

Minimiser l’impact énergétique de la construction en utilisant des matériaux locaux

Lors de la construction d’infrastructures communautaires, il nous tient à coeur de minimiser l’impact sur l’environnement. L’énergie nécessaire à la fabrication et au transport des matériaux peut non seulement augmenter de façon significative les coûts de construction mais surtout avoir un impact non négligeable sur l’environnement.

Le calcul de l’énergie grise prend en compte l’analyse du cycle complet de vie du produit : conception, extraction et transport des matières premières, transformation des matières et fabrication du produit, commercialisation, transport, usage et mise en Ĺ“uvre et enfin, son recyclage Ă©ventuel. De ce point de vue, les matĂ©riaux locaux peu ou non transformĂ©s ont un net avantage sur les autres : la pierre, la terre, l’argile, la paille, le bois ou la laine sont des matĂ©riaux de construction qui peuvent Ă  la fois rĂ©pondre aux exigences modernes de la construction et qui ont une Ă©nergie grise très faible.

Dans les régions reculées du centre de l’Afghanistan, les distances de transports font grimper les coûts de l’énergie grise. La production de certains matériaux de construction contribuent à faire gonfler la facture énergétique et a un impact négatif sur l’environnement. L’utilisation de la pierre a ainsi été favorisée à celle de la brique en terre cuite dans la majorité des constructions de Nai Qala. Bien que l’argile soit un matériau disponible en quantité presque illimitée et entièrement recyclable, la cuisson de la terre est un processus énergivore, pouvant durer jusqu’à plusieurs jours, à des températures dépassant les 1000 degrés. Les fours sont parfois alimentés par du combustible fossile mais le plus souvent par du bois de régions déjà très arides, ce qui contribue à la déforestation.

Lors du choix de l’entreprise de construction et de la signature des contrats, les matériaux de construction sont soigneusement sélectionnés afin d’apporter sécurité et confort aux futurs utilisateurs du bâtiment tout en minimisant  l’impact sur l’environnement. L’école de Sokthagi est ainsi construite à partir de pierres extraites des montagnes environnantes et qui sont taillées sur place à la bonne dimension. Le gravier et le sable utilisé pour le mortier viennent de la rivière toute proche. Seul le bois pour la charpente, les fenêtres et les portes est transporté depuis d’autres provinces. La provenance des matériaux favorise ainsi l’écobilan positif de la construction.